Emilien Sarot commence véritablement à peindre en 2006.

Passionné par l’histoire de la peinture, il s’intéresse

notamment aux territoires délaissés puis réactualisés par les

artistes comme l’expressionnisme abstrait, l’expressionnisme

allemand, l’école de Leipzig et leurs poursuiveurs. Héritier de

ces histoires partagées, il puise ses références dans une

peinture brutale, baignée de couleurs et de lumières. Il

pratique aussi bien la peinture, que le dessin et le collage

numérique. Les trois mediums interagissent et se font

concurrence autour d’une recherche picturale articulée

selon trois axes/projets : les paysages en ligne – un pavé dans

le paysage – le collage.

 

La série des Paysages en Ligne est nourrie de photographies

prises lors de voyages en train ou en voiture. L’appareil

capture et fixe des paysages défilants derrière la vitre d’une

fenêtre, deux filtres que l’artiste déploie finalement sur la

toile par la suite.

A contrario, il travaille des paysages photographiés lors de

randonnées. Par la contemplation, son œil a pu apprécier la

totalité du motif, restitué par la photographie, puis par la

peinture. D’un point de vue perceptuel, il jette un pavé dans

l’image pour « annihiler la contemplation romantique du

paysage classique et détruire le paysage » Deux approches

du paysage sont convoquées et confrontées.

 

Enfin, le collage renvoie non seulement aux œuvres associant

des photographies prises sur le motif et des images prélevées

des pages de manuels d’histoire de l’art, mais aussi un collage

de styles. Ses visions plastiques sont traduites par l’adoption

de styles différents et d’accès opposés. Il génère ainsi un

système de combinaisons menant à « l’épuisement » du

sujet, en l’occurrence des paysages boisés, inhospitaliers. Les

variations gestuelles et techniques influent sur les effets

lumineux et par conséquent sur la vision plurielle d’un

même paysage dont l’artiste épuise les possibilités.

 

 

Julie Crenn

 


 

 

 

Les nuages ont été nommés scientifiquement au même moment où la peinture de paysage est devenue un genre pictural . Le terme paysage fut d’ailleurs inventé par les peintres. L’Histoire, l’histoire de l’art et plus particulièrement l’histoire de la peinture sont mon paysage. Mes nuages sont le produit de ces histoires, qu’ils s’agissent d’anecdotes, de mythes ou d’œuvres. Je m’y promène comme un jeune peintre solitaire telles les longues ballades de rocker romantique. Je n’y fais pas de photos souvenir, je laisse la nostalgie de côté. Elle n’a d’ailleurs pas lieu d’être car ce paysage possède une réelle profondeur tel un lac. Tim Eitel considère l’histoire de l’art comme un grand bassin. "On saute dedans, il n'y a pas d'avant ni d'après, tout coexiste l'un à côté de l'autre. A partir de là, pour moi un Velasquez est exactement aussi actuel qu'un Mondrian, qu'un Barnett Newman, qu'un Joseph Beuys. Tout s'inscrit dans un continuum, une permanence." En plongeant dans ce paysage, j'éprouve la même sensation. C'est très stimulant, au point d'en ressentir ce besoin de participer. Comme je l'ai déjà dit, je ne fais pas de photos souvenir. Je n'en ai pas besoin. A quoi bon se souvenir d'un monde dont on est l'auteur et l'acteur? Il me semble plus pertinent et personnel de montrer comment ce parcours dans cet univers m'a touché et formé. C'est ce que je tente de faire lorsque je peins.

 

 

 

 


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Des emprunts qu'il ne peut pas
Texte publié dans l'édition "De l'art et des macarons", chez Paroles de Lorrains, 2011
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Elise Franck
Texte publié sur le site de l'artiste : http://elisefranck1.jimdo.com/textes/
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